De Amélie Höllmüller et Romain Altenbach Berthod
Le 4 septembre dernier s’est déroulé une journée de stands et animations dans le cadre du festival Alternatiba Léman, à Genève. Ce Festival, qui a lieu chaque année à Genève depuis 2015, promeut des initiatives locales qui contribuent à réduire le réchauffement climatique, ainsi qu’une société en transition, « plus agréable à vivre, plus solidaire, plus conviviale, plus humaine et plus durable ». Alternatiba propose des table-rondes, des conférences et des projections de films à travers l’expression d’une diversité d’acteurs locaux. Parmi les dizaines d’organisations et associations présentes à cet événement telles que la FGC (Fédération genevoise de coopération, Eireine-Suisse, …), la Centrale Sanitaire Suisse Romande et Pharmaciens sans Frontières Suisse se sont installées le temps d’une journée, en tant qu’acteurs du domaine de la solidarité internationale.
Le sixième rapport du GIEC (Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est formel : la planète va connaître, dans les prochaines décennies une hausse « sans précédent » des phénomènes météorologiques extrêmes. Alors que la transition climatique est, plus que jamais, urgente, un nombre croissant d’acteurs tirent la sonnette d’alarme et agissent, à leur échelle, pour un environnement plus durable. Le festival Alternatiba Léman s’inscrit dans ce sens-là : c’est l’expression d’un mouvement citoyen pour agir en faveur de la transition énérgétique, au niveau de la région genevoise.
En effet, les dérèglements climatiques ont des impacts néfastes sur tous les pans de la société. Et, tout particulièrement sur la santé humaine. Sécheresses, pollution ou catastrophes naturelles impactent des populations déjà vulnérables, et creusent le fossé des inégalités quant à l’accès à des soins adéquats. En effet, ces dysfonctionnements induisent des conséquences négatives dans le domaine de la santé, telles que la détérioration des conditions d’hygiène et de soin, des problématiques de malnutrition, l’émergence de nouvelles maladies ou encore forcent à la migration en paupérisant et détériorant les conditions sanitaires des populations concernées.
La Centrale Sanitaire Suisse Romande (CSSR) soutient plusieurs projets au Sud et lutte pour l’accès à la santé de toutes et tous, et se bat donc pour un monde plus égalitaire et plus juste.
La lutte pour la justice climatique et environnementale est intrinsèquement liée à la lutte pour l’accès aux soins. La CSSR le constate dans plusieurs de ses projets. Ainsi, sur notre stand, nous présentions notre projet en Équateur de lutte contre la pollution de Texaco (Chevron). En effet, cette entreprise a pollué des centaines de milliers d’hectares de forêt vierge entre 1964 et 1992, et, depuis, d’autres compagnies comme Petroecuador ont continué ces exactions. Cette pollution des sols, de l’eau et de l’air provoque dans la population locale des maladies de tous types : leucémies infantiles, cancers, malformations génétiques, avortements spontanés, entre autres. Pollution et santé sont donc liées.
Par ailleurs, l’extraction de pétrole est un engrenage important d’un système consumériste qui pollue la terre entière et participe fortement au réchauffement climatique. La CSSR soutient en Équateur les projets de la Clínica Ambiental et de l’UDAPT (Unión De Afectadosas por la Petrolera Texaco Chevron) qui soignent les personnes malades, tentent d’endiguer la pollution des sols, et poussent les institutions publiques à agir pour arrêter la pollution.
A Madagascar par exemple, Pharmaciens sans Frontières Suisse a eu l’occasion de constater concrètement les conséquences du changement climatique. Basée à Mahajanga dans trois dispensaires, les retours du terrain sont formels : Les graves sécheresses au Sud du pays entraînent une migration sans précédent vers le Nord, d’une population totalement démunie et présentant déjà des carences sanitaires.
Pharmaciens sans Frontières Suisse, luttant pour un accès équitable à la santé, est très inquiète de la dégradation de la situation et plaide pour la mise en place de solutions concrètes au réchauffement.
Cet évènement a été l’occasion de rendre visible les activités des deux associations, d’aller à la rencontre du grand public, d’échanger autour de leurs projets, de rencontrer des institutions et organisations travaillant sur des thématiques complémentaires et de sensibiliser les un.e.s et les autres à la problématique d’accès à la santé.
La Centrale Sanitaire Suisse Romande indique que cela a également permis de re-croiser des sympathisantes et de se retrouver entre membres de l’association. « Nous en sommes ressortis joyeux, avec le sentiment d’être encouragés et soutenus.»
Selon Pharmaciens sans Frontières Suisse dans ces conditions, l’accès à la santé devient plus urgent que jamais : les interdépendances entre santé, dégradation de l’environnement ou encore crise migratoire sont incontestables. Les acteurs et actrices de la solidarité internationale doivent toutes et tous prendre en compte la composante de changement climatique au sein de leurs projets.
Pharmaciens sans Frontières Suisse
Pharmaciens sans Frontières Suisse est une association de droit Suisse, qui a son siège à Genève, créée en 1992, qui œuvre pour l’accès à la santé pour toutes et pour tous, partout sans discrimination d’aucune sorte. Avec des projets dans plusieurs pays, sa mission vise à améliorer l’accès aux médicaments de qualité des populations les plus vulnérables, pratiquer l’échanges de connaissances et promouvoir l’usage rationnel du médicament dans l’intérêt de la santé publique.
La Centrale Sanitaire Suisse Romande
La Centrale Sanitaire Suisse Romande (CSSR) est une association modeste et atypique qui soutient depuis 1937 celles et ceux qui luttent pour une société plus juste. Elle apporte une aide sanitaire à des organisations de base dans plusieurs pays du Sud qui s’engagent pour un meilleur accès aux prestations médicales.