Défis : Les mères et les pères face au manque de communication avec leurs enfants.

Oh ! La jeunesse du 21è siècle quelle éducation pour vous faire comprendre sans vous-mêmes ?

De Adama SANOGO

Vous voulez savoir quels comportements sont considérés comme normaux chez les adolescents, comment déterminer si votre enfant est sur la bonne voie, comment encourager un développement sain et comment obtenir de l’aide lorsque les problèmes surgissent ? Bien des choses influencent les adolescents de nos jours, et votre rôle de parent n’en est que plus important. Le temps que vous consacrez à renforcer vos rapports avec elle ou lui est votre meilleur investissement pour son avenir, tout comme lorsqu’il ou elle était enfant.

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Oh ! La jeunesse du 21è siècle quelle éducation pour vous faire comprendre sans vous-mêmes ?

Ce sont des jumeaux et leur petite sœur issus d’une famille très pauvre. Ils ont 5 ans et leur sœur 3 ans. Ils ne sont pas encore à l’école mais malgré la pauvreté de leurs parents, leur maman s’occupe bien d’eux et leur donne les leçons sur la vie de famille et dehors. Le père malade parle peu et ne s’occupe presque pas de ces beaux enfants que le ciel lui a donné. Grâce à notre encadrement, ces enfants sont de bonnes mains avec leur maman très courageuse. Photo : Siaka SANOGO

 

Dans le cadre de mon travail. Dans notre communauté le problème des enfants entre 5 et 15 ans est très complexe car les parents ne communiquent pas avec les enfants ce qui fait qu’ils ne reçoivent pas une éducation de qualité surtout avec la crise. Par exemple, plusieurs enfants ont regagné les djihadistes non par amour mais par contrainte dû à la pauvreté des parents. A 5 ans l’enfant n’est pas considéré ici car la plupart des maliens disent qu’à cet âge l’enfant ne connaît rien donc pas la peine de discuter avec eux et les villes valent mieux que les villages dans ce sens car dans les villages les enfants sont dans la plupart avec leurs mères. Sur le plan sanitaire, les enfants sont traités dans la plupart des cas à la maison par les plantes et ce n’est que lorsque que c’est très grave que l’enfant est amené d’urgence dans un centre de santé.

A l’âge de 15 ans peu de parents discutent avec leurs enfants peut être avec les garçons oui mais pas avec les filles car selon la plupart des pères, la fille appartient à la femme donc c’est à la femme de prendre soin de son éducation. A part les filles qui sont à l’école, beaucoup de filles à l’âge de 15 ans surtout dans les milieux peulhs, soninkés, les filles sont mariées à l’âge de 15 ans ce qui est une violation flagrante des droits de la fille.

Ils sont amis depuis leur enfance et ont entre 12 et 13 ans mais qui avaient l’habitude de faire l’école buissonnière quand l’une de leurs mamans a contacté notre organisation pour leur parler de l’importance de l’école. Issus aussi de familles pauvres l’éducation de la vie leur manquait et ils profitaient de cela pour prendre la rue et cela était devenu une habitude d’abandonner leurs familles. Ils ont été récupérés par notre organisation et ils ont regagné leurs familles respectives et sont tous à l’école aujourd’hui. Photo : Yaya KONE

 

Les enfants au niveau des régions sont pris comme esclave avec les adolescents, les parents me demandent souvent : « Qu’est-ce que je dois savoir pour aider mon enfant à éviter de tomber dans l’alcool et les autres drogues. L’alcool est un véritable problème pas pour les enfants de 5 ans mais de 15 ans car les parents n’ont aucun contrôle sur leurs enfants. Dans les grandes villes, les enfants de 15 ans surtout les filles qui quittent leurs villages pour la recherche de leur trousseau de mariage s’adonnent à cette pratique parce qu’elles n’ont pas leurs parents donc elles n’ont aucun contrôle et s’adonnent à l’alcool et même à la drogue. Les garçons de 15 ans aussi sont mal contrôlés dans notre pays et beaucoup d’entre eux ne sachant quoi faire s’adonnent à l’alcool et à la drogue. Je veux vous dire que l’éducation malienne a échoué car nous entendons des injures aujourd’hui venant des adolescents qui dépassent l’ordinaire et la manière de s’habiller pour les jeunes garçons de 15 ans laissent à désirer.

C’est très déplorable de nos jours au Mali et la cause profonde revient des parents qui ont abandonné leur rôle de parents. Des jeunes filles qui fument la cigarette, qui boivent comme des hommes est le slogan de la nouvelle génération. Si on nous disait un jour qu’une fille malienne allait fumer ou prendre de l’alcool, nous ne serions pas d’accord. Ce qui blesse encore ce sont ces grossesses inattendues des filles et qui en font de la gloire si l’on voit que les baptêmes de ces enfants se font avec faste, d’être influencé par des adolescents mal intentionnés ou de fréquenter les mauvaises personnes, et ainsi de suite ? »  Les journaux sont remplis d’histoires d’horreur et autres drames qui surviennent à cause de l’alcool, de la conduite automobile, des fêtes ou de l’intimidation — ce qui n’a rien pour rassurer les parents. Les pressions auxquelles font face les jeunes d’aujourd’hui sont différentes de celles des générations antérieures, mais peu importe la forme qu’elles prennent, elles peuvent paraître parfois insurmontables pour un adolescent.
 

Ils ont entre 5 et 13 ans et sont habillés en tenue de fête musulmane. Ce sont des enfants issues d’une famille dont l’éducation est une priorité pour leurs parents. Ils s’aiment et sont tous à l’école et au jardin d’enfants. La plus grande fait partie des premiers de sa classe et la seconde travaille aussi bien à l’école. Chaque soir les parents leurs donnent les bonnes pratiques de la vie courante c’est-à-dire comment se comporter dehors, comment éviter les maladies, bref c’est une famille démocratique où l’enfant reçoit tous des parents. Photo : Yaya KONE

 

L’implication de notre organisation

Pour rassurer les parents, nous organisons des séances d’éducation civique dans les écoles, les regroupements des garçons et des filles.

Ces activités nous ont permis de comprendre que la plupart des filles font la prostitution à cause de la pauvreté de leurs parents et les garçons qui s’adonnent à des actes de vandalisme le font aussi pour se procurer de l’argent. Nous travaillons avec des psychologues afin de conscientiser les cœurs et les esprits de ces enfants et nous accompagnons dans la plupart des cas ces enfants chez eux et avec les parents, nous ouvrons le débat et l’intégration arrive.

Des séances de projection vidéo sur des enfants de la rue ont amené beaucoup de ces jeunes à comprendre l’importance de la famille.

Les parents se sentent parfois dépassés par les problèmes et situations dont leur parlent leurs jeunes, surtout lorsque ces problèmes n’existaient pas dans leur temps, par exemple le sexe qui était considéré dans le temps comme tabou, l’intimidation sur Internet ou les sites de chat. De nombreux parents semblent penser qu’ils ont besoin de conseils pour répondre aux besoins de leurs adolescents, leur inculquer la maturité et le sens des responsabilités et les aider à éviter les situations dangereuses. Il est vrai que l’adolescence est la période du développement la plus critique.

Vous savez sûrement que ce n’est pas une bonne idée de laisser vos enfants expérimenter la vie  par eux-mêmes. Le risque de grossesses non désirées, les maladies sexuellement transmissibles etc …, est trop élevées. Les parents sont rejetés dans la plupart des cas par leurs enfants dont la cause profonde pour certains est la pauvreté mais pour d’autres c’est le manque de temps à s’occuper de leurs enfants. Les enfants de 5 ans sont très fragiles sur le plan de l’éducation et les parents qui ne sont pas cultivés (intellectuels) pensent qu’à cet âge, les enfants n’ont pas besoin d’éducation.

Par contre, leur interdire certaines activités ne fonctionne pas non plus. Les menaces de punitions (« Si je te prends à boire de l’alcool, tu seras puni pendant un mois ! ») ou encore l’invocation des barrières légales ou familiales pour restreindre leurs activités ne sont pas une mesure très efficace auprès des adolescents. Nous devons les aider à élaborer leurs propres stratégies, à développer un sens des responsabilités et à adopter des valeurs qui les mettent à l’abri du danger, surtout qu’ils passent maintenant plus de temps à faire des choses eux-mêmes.

Ce sont des filles entre 11 et 15 ans qui suivent des formations sur les modes de prévention des IST VIH/SIDA, et aussi sur les conséquences des grossesses non désirées. Elles ne reçoivent aucun encadrement familial. La plus petite qui a 11 ans ne fréquentait plus la famille à cause de la méchanceté d’une mère qui avait perdu tout espoir dû à la pauvreté. Notre organisation qui a comme priorité l’éducation des enfants, a été interpellée pour l’encadrement de ces filles notamment par la prise en charge de leur éducation scolaire mais aussi leur inculquer les bonnes pratiques de la vie courante. Photo : Yaya KONE

 

Les parents débordés

Nous pouvons décider de ne rien faire et d’attendre que nos jeunes fassent des erreurs pour intervenir — habituellement par des punitions ou des sermons — ou nous pouvons essayer de parer aux problèmes en devenant une source fiable de renseignements et de soutien. Bien que nous ne puissions pas toujours décider pour nos adolescents, nous pouvons les aider à faire les choix les plus responsables possible. La meilleure façon d’y arriver est de vous montrer sensible aux besoins et désirs de votre jeune tout en étant ferme lorsque vient le temps de le guider et de le conseiller. N’oubliez pas que l’adolescence est une période d’expérimentation. Il est donc normal que les jeunes fassent des expériences, mais votre devoir de parent est de fixer des limites (eh oui, les jeunes ont besoin de limites) tout en favorisant leur autonomie (et ils ont besoin aussi de déterminer leurs propres limites). Cet équilibre entre tenir bon et laisser aller est l’un des plus gros défis de l’éducation d’un adolescent. En tant que parent d’un adolescent, vous devez être renseigné sur trois questions importantes :

  • Vous devez savoir quel comportement est « normal » durant l’adolescence pour que vous puissiez mieux comprendre et guider votre fils ou votre fille. N’étant pas né avec la science infuse dans l’art d’être parent, vous avez dû travailler fort pour comprendre votre enfant durant toute son enfance. L’adolescence nécessite autant d’efforts (sinon plus) !
  • Vous devez comprendre les changements qui s’opèrent sur le plan personnel, familial et chez votre adolescent. Si vous prenez conscience des défis que vous et votre adolescent devez relever durant cette période de transition rapide, vous serez mieux armé pour être une source de force et de conseils.
  • Enfin, vous avez besoin d’information sur les meilleures méthodes pour être un parent efficace durant cette période de développement afin de renforcer votre rapport avec votre jeune et éviter certains des « pièges » courants. Cet ouvrage veut vous aider à mieux comprendre les questions entourant le développement des adolescents et le rôle important que vous pouvez jouer en tant que parent pour inciter votre jeune à prendre de bonnes décisions. Trois autres livrets porteront plus en détail sur des sujets d’intérêts pour les parents, comme la consommation d’alcool et d’autres drogues, la relation avec les pairs et les fréquentations, l’utilisation d’Internet et le bien-être des adolescents. Les relations qu’entretiennent les adolescents avec leur famille, leurs camarades ou d’autres adultes importants influenceront grandement la façon dont ils apprennent à faire des choix sûrs et responsables. En fin de compte, ce processus commence par la relation que vous établissez avec votre adolescent. Maintenant plus que jamais, les gestes que posent les parents ont une importance capitale.

 

Adama SANOGO
Adama SANOGO Titulaire d’un diplôme de l’Ecole Secondaire spécialité Anglais, je suis enseignant de formation car j’ai l’amour pour les enfants sans distinction de sexe ou de race. Après quelques années d’enseignement comme professeur de français et d’anglais, j’ai vite intégré le monde du développement communautaire pour être plus proche des enfants et mieux les comprendre. C’est ainsi que j’ai été animateur dans plusieurs organisations internationales et nationales où l’éducation des enfants était la priorité. Ayant compris le système, j’ai invité des collègues pour que nous aussi nous puissions être porteurs d’espoir aux enfants du monde d’où la création, en 2005, de notre organisation du nom de Solidarité Internationale pour l’Afrique (SIA) et dont depuis 2005 je suis le président.