De Viviane Luisier et Gaspard Nordmann
Depuis le mois de mai 2017, la Centrale Sanitaire Suisse Romande (CSSR) a rejoint le Réseau de Medicus Mundi Suisse, avec l’intention d’y apporter sa vision de la lutte pour la santé et ses 80 ans d’expérience. Organisation atypique dans le milieu associatif suisse, elle suit un fil conducteur depuis sa fondation en 1937 : celui de l’engagement ! Petite présentation d’une vielle dame associative et néanmoins dynamique.
Au cours de sa longue vie, notre organisation a dû s’adapter à un panorama politique qui a constamment changé, que ce soit en Suisse, en Europe ou « au Sud ». D’abord anti-fasciste au moment de sa naissance, elle est solidaire avec l’Espagne républicaine dans la fin des années 30. Il s’agit alors de recruter des méadecins engagés et disposés à partir pour donner leur soutien directement sur le terrain. Le matériel et les fonds récoltés sont le fruit direct de la solidarité populaire suisse.
Plus tard, pendant une période de plus de 10 ans, la CSSR sommeille. Mais, à l’appel de camarades suisses révoltés par l’intervention impérialiste au Vietnam, elle s’active à nouveau, uniquement grâce à la solidarité de ses militants et sympathisants.
Dans les années 80, la CSSR vit des changements importants: de collectif de solidarité, elle se transforme en association de coopération au développement. Elle réussit pourtant à conserver l’image de ses jeunes années, en apportant son soutien de manière déterminée pour des acteurs spécifiques, tels les groupes, mouvements ou gouvernements non pas « pauvres », mais engagés pour une justice sociale plus grande. Cette vision du futur n’a pas de raison de changer.
La CSSR fonde son action sur les deux valeurs fondatrices que sont la solidarité et l’équité en matière de santé. De là découle son engagement en faveur de groupes de population défavorisés et opprimés dans les pays du Sud, afin de leur permettre d’accéder aux soins nécessaires. Nous pensons en effet que toute personne doit bénéficier d’un accès équitable aux ressources susceptibles de lui assurer une existence en santé.
Sur le terrain, dans les pays « du Sud », la CSSR soutient des organisations ou institutions dans leurs luttes contre le manque d’équité dans le domaine de la santé, à travers des projets sanitaires. La CSSR est aussi active en Suisse : elle informe, sensibilise et mobilise ses membres ainsi que le grand public sur des questions relatives à la santé dans les pays du Sud et sur la situation politique et sanitaire des pays où elle soutient des projets
Parmi les nombreuses associations et organisations sanitaires suisses, la CSSR se démarque :
Actuellement, la CSSR est présente en Amérique Latine (Bolivie, Equateur, Guatemala, Nicaragua) et en Palestine (voir http://css-romande.ch/projets-au-sud). Elle soutient des projets sanitaires dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive, des soins de santé primaire et de la santé mentale : | |
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Bolivie |
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Equateur |
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Guatemala |
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Nicaragua |
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Palestine |
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Suisse |
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Plus récemment, de nouveaux questionnements arrivent à la CSSR, concernant l’arrivée plus importante que d’habitude des « migrantEs » en Europe. Nous avons commencé par être un groupe de solidarité antifasciste qui venait en aide aux camarades qui en avaient besoin en Europe (Yougoslavie, Espagne…). Après le long détour dans les pays « du Sud », nous voici de nouveau en face d’un problème ici chez nous : les « migrantEs » mal accueillis, les « NEM non entrée en matière » et les « dublinés » repoussés ailleurs de manière aveugle. Ces douloureux scandales nous mobilisent et nous cherchons comment la CSSR pourrait s’engager auprès d’eux.Le mouvement et la coopération solidaires ne doivent pas perdre courage malgré la réalité complexe du monde actuel. Il est important de maintenir cette solidarité, de l’alimenter, de l’enrichir, de la fortifier, spécialement dans les moments où existe un repli xénophobe évident dans les pays du Nord. On parle de “crise” financière pour réduire la coopération au développement, alors que la Suisse continue de figurer parmi les pays les plus riches du monde. Entre le concept de “crise” qui s’utilise pour réduire la coopération et celui de “crise pour la survie” à laquelle se confrontent des communautés et des peuples qui vivent loin de chez nous (ou pas), il n’y a aucune comparaison. Notre responsabilité envers “l’autre” ne peut pas disparaître pour de simples prétextes d’ordre financier. Nous vivons tous sur la même planète et nous sommes tous responsables envers elle et chacun de ses habitants.