De Shukri Ahmed
Aujourd’hui, dans le monde, les inégalités tant en termes d’accès que de qualité de l’éducation restent criantes. Pour combattre ces injustices, Aide et Action a fait de l’intégration des exclus l’un de ses axes d’intervention prioritaires.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime qu’environ 80% (OMS 2016) des personnes handicapées vivent dans des pays en développement où l’accès à l’éducation est un défi permanent. Au Cambodge, près de 57% (UNESCO 2017) des enfants en situation de handicap ne sont pas scolarisés. Pour pallier ce manque, Aide et Action a développé un projet en partenariat avec l’ONG locale Rabbit School Organization qui propose des classes “intégrées”. Aménagées à effectif réduit (pas plus de 12 élèves pour 2 enseignants), leur objectif est de mélanger les enfants en situation de handicap et des élèves présentant un retard dans les acquisitions scolaires. Les enfants bénéficient, ainsi, de méthodes d’enseignement adaptées grâce auxquelles ils peuvent espérer réintégrer le parcours scolaire classique.
En mars 2020, suite à la fermeture des écoles, en raison de la pandémie, de nombreux enseignants tels que Chea Seiha ont dû s’adapter rapidement pour répondre aux besoins de leurs élèves. Seiha a commencé à se rendre de maison en maison pour enseigner à ses élèves. Mais, selon elle, les réponses éducatives déployées pendant la COVID-19 n’ont pas été suffisamment inclusives pour soutenir l’apprentissage de ses élèves aux besoins spécifiques.
Chacun des 12 élèves de Seiha a reçu deux heures d’éducation individuelle par semaine, et les enfants les plus gravement handicapés en ont reçu trois. Mais, comparé à ce qu’ils recevaient habituellement, ce n’était pas suffisant. « Je n’avais qu’une heure par élève, c’était trop difficile. J’avais trop d’étudiants et pas assez de temps », regrette l’enseignante.
À l’instar de nombreux pays à travers le monde, des programmes d’apprentissage à distance ont été lancés pendant les fermetures d’écoles via la télévision, la radio et les réseaux sociaux. Cependant, de nombreux étudiants de Seiha, n’avaient pas accès à cette technologie en raison de leurs conditions économiques, mais ils ne pouvaient pas non plus suivre les programmes puisque ceux-ci n’ont pas été conçus pour les enfants handicapés.
Pour résoudre ce problème, Aide et Action, en partenariat avec Rabbit School Organization, a développé une série de contenus en ligne pour apprendre aux parents à enseigner aux enfants handicapés à la maison. Conscient que l’accessibilité d’un tel contenu dépend de la capacité des parents à disposer d’un appareil pouvant se connecter à Internet, Aide et Action a également aidé les enseignants à imprimer des documents pour soutenir l’apprentissage à domicile et à les diffuser lors des visites à domicile.
Chacun des 12 élèves de Seiha a reçu deux heures d’éducation individuelle par semaine, et les enfants les plus gravement handicapés en ont reçu trois. Mais, comparé à ce qu’ils recevaient habituellement, ce n’était pas suffisant. « Je n’avais qu’une heure par élève, c’était trop difficile. J’avais trop d’étudiants et pas assez de temps », regrette l’enseignante.
En octobre 2020, l’école de Seiha a rouvert. Mais, comme elle le craignait, la réadaptation s’est avérée difficile pour ses élèves. « Je dois reprendre les leçons que j’enseignais avant la COVID-19 car les enfants ont tout oublié », constate-t-elle. De plus, plusieurs de ses élèves n’ont pas souhaité retourner à l’école car les sept mois de fermeture les ont isolés socialement et ont réduit leurs capacités à communiquer avec les autres. « Je dois stabiliser les émotions des enfants et les faire se sentir mieux avant de pouvoir commencer à enseigner », précise Seiha, ajoutant que les méthodologies adaptées qu’elle avait apprises, telles que la décoration de la salle de classe et l’utilisation de jouets pourraient l’aider à y parvenir.
Malheureusement, la réintégration des enfants à l’école a duré un peu plus d’un mois seulement, car la COVID-19 a, une fois de plus, entraîné la fermeture d’écoles dans tout le pays. En novembre 2020, le gouvernement a annoncé la fin brutale de l’année scolaire conformément aux mesures de prévention. L’impact des fermetures répétées comme celle-ci sera probablement pire pour les élèves fragiles comme ceux de Seiha car le fait d’être en situation de handicap et issu d’un milieu socio-économique défavorisé présente un risque plus élevé de décrochage scolaire. En mai 2021, la situation sanitaire s’est à nouveau détériorée et les écoles du pays ont encore fermé laissant ainsi les élèves en situation de handicap doublement marginalisés.
Aide et Action espère que la pandémie sera l’occasion de repenser la manière dont la planification de l’éducation d’urgence peut inclure les enfants en situation de handicap et comment les leçons apprises cette année peuvent éclairer les réponses à l’avenir.
« Je dois reprendre les leçons que j’enseignais avant la COVID-19 car les enfants ont tout oublié », constate-t-elle. De plus, plusieurs de ses élèves n’ont pas souhaité retourner à l’école car les sept mois de fermeture les ont isolés socialement et ont réduit leurs capacités à communiquer avec les autres.
Fondée en 1981, Aide et Action, association internationale de développement par l'éducation, assure l'accès à une Éducation de qualité pour les populations les plus vulnérables et marginalisées, en particulier les enfants, les filles et les femmes, afin que toutes et tous puissent maîtriser leur propre développement et contribuer à un monde plus pacifique et durable.
Parce que l'accès à une éducation de qualité permet, en effet, de lutter contre la pauvreté et les maladies, de limiter le changement climatique et de bâtir la paix dans un monde durable, nous favorisons l’apprentissage tout au long de la vie. Ainsi, nous portons une attention toute particulière à l'éducation et à la protection de la petite enfance, à l’accès et à la qualité de l'éducation aux niveaux primaire et secondaire, ainsi qu’à la formation professionnelle et à l’insertion sociale.
En fondant notre intervention sur les valeurs que sont la dignité, l’inclusion et l’intégrité, ainsi que sur les principes d’action que sont la transparence, la redevabilité et la solidarité, et grâce au soutien de nos 51 000 donateurs, nous menons actuellement 85 projets dans 19 pays en Afrique, en Asie et en Europe pour près de 2,9 million d’enfants, de jeunes et d’adultes.