Pas de profit sur la santé: exigeons la levée des brevets pour les médicaments et les vaccins!
Photo de Paul Lovis Wagner / Campact/flickr, CC BY-NC 2.0

L’Accord sur les «aspects de droits de propriété intellectuelle liés au commerce» (ADPIC) de l'OMC, approuvé en 1994, prévoit l’interdiction de la copie des technologies, y compris médicales, par le biais des brevets. Le FMI et la Banque Mondiale se sont servis de la dette des pays du Sud pour leur imposer la signature de cet accord.

En se garantissant le monopole sur les découvertes et la liberté de fixer des prix sur les médicaments, les entreprises pharmaceutiques bénéficient de taux de profits colossaux, sur le dos de la santé des plus pauvres. Ainsi, avant même la pandémie de Covid-19, plus de 2 milliards de personnes sur la planète n’avaient pas accès aux médicaments ou vaccins dont elles avaient besoin.


COVID-19: révélateur des inégalités

Face à la Covid-19, la fracture vaccinale entre les pays riches et les pays pauvres ne fait que se creuser. En achetant des vaccins à prix d’or, les pays riches ont réussi à vacciner autour de 80% de leur population. Pendant ce temps, le reste du monde, les pays du Sud, ont à peine pu commencer à vacciner leurs populations.

Pour sortir de la pandémie, la solution est mondiale: elle doit également être équitable! L’accès aux vaccins, aux diagnostics et aux traitements de la Covid-19 doit être garanti à toutes et tous.

En se garantissant le monopole sur les découvertes et la liberté de fixer des prix sur les médicaments, les entreprises pharmaceutiques bénéficient de taux de profits colossaux, sur le dos de la santé des plus pauvres.

Des fonds publics pour financer des profits privés

Cette marchandisation de la santé est d’autant plus condamnable que ce sont des fonds publics qui financent la quasi-totalité de la recherche médicale. Prenons par exemple Moderna, dont les bénéfices devraient atteindre 18 milliards USD pour l’année 2021. Un montant record obtenu en faisant payer des sommes considérables aux États pour acheter des doses de vaccin dont ils ont eux-mêmes financé la recherche! Tout en usant allègrement de mécanismes d’évasion fiscale, en Suisse notamment.


25 octobre: conférence sur la levée des brevets

Face à ces injustices, comment réagir? La CSSR et diverses associations ont organisé une conférence en ligne le 25 octobre 2021, afin de revenir sur ces inégalités d’accès à la santé au niveau mondial, et notamment des inégalités d’accès au vaccin anti-COVID, malgré quelques tentatives internationales de répartition équitable des doses, comme COVAX, qui ont été un échec.

Les profits colossaux réalisés sur le dos de la santé des plus pauvres ont également été mis en lumière durant cette soirée, de même que l’outil qui permet aux firmes pharmaceutiques de se garantir le monopole sur les découvertes puis d’imposer des prix abusifs sur les médicaments: les brevets.

Cette marchandisation de la santé est d’autant plus condamnable que ce sont des fonds publics qui financent la quasi-totalité de la recherche médicale.
Conférence organisée et avec le soutien de: CADTM, Collectif Brevets sur les vaccins anti-covid, stop ! Réquisition, Third World Network, People’s Health Movement International, Centrale Sanitaire Suisse Romande (CSSR) et CETIM. Photo: CSSR<br>
Conférence organisée et avec le soutien de: CADTM, Collectif Brevets sur les vaccins anti-covid, stop ! Réquisition, Third World Network, People’s Health Movement International, Centrale Sanitaire Suisse Romande (CSSR) et CETIM. Photo: CSSR

Conférence du 25 octobre 2021 : Youtube-Video

Pour parler de ces sujets, trois intervenant·es ont pris la parole. Eliane Mandine, biologiste et militante du collectif «Brevets sur les vaccins COVID Stop! Réquisitions!» et du collectif «Médicament, un bien commun». Frank Prouhet, médecin, militant du Collectif «Brevets sur les vaccins COVID Stop! Réquisitions!». Éric Toussaint, historien et politologue, porte-parole du CADTM International (le comité pour l’abolition des dettes illégitimes).

La soirée s’est révélée très intéressante, les interventions ont été riches en informations et arguments sur la situation mondiale. Par ailleurs, quelques pistes de revendications pour faire changer les choses ont été discutées, démontrant que face aux inégalités, la lutte est possible!


Reference
Aude Martenot
Aude Martenot, Secrétaire générale, Centrale Sanitaire Suisse Romande. Email