Une approche en Santé mentale basée sur les droits humains de Handicap International

Rapport mondial de l’OMS sur la santé mondiale

HI s’aligne avec la définition de l’OMS de la Santé Mentale comme faisant partie intégrante de la santé et du bien-être en général et constitue un droit humain fondamental, comme le rappelle le rapport mondial de l’OMS sur la santé mentale, 2022: « transformer la santé mentale pour tous ». Ce rapport nous est particulièrement précieux, tant il contient des données épidémiologiques essentielles que des analyses contextuelles probantes, mettant en évidence l’existence ce plusieurs facteurs, appelés aussi déterminants, qui expliquent la haute prévalence des problèmes de santé mentale comme la précarité économique et sociale, le manque de services de proximité de qualité, la stigmatisation, etc. Ce rapport présente par ailleurs des données qui tiennent compte de l’intersectorialité de certains facteurs comme le genre, l’âge, le handicap.

Il indique enfin que les problématiques en lien avec la santé mentale sont susceptibles d’être encore plus importantes dans les contextes de conflits, de catastrophes naturelles, ou d’autres formes de crise.

De l’importance de la communauté

HI met un accent particulier sur :

• Une vision sociale des troubles de santé mentale qui ne tient pas seulement compte des symptômes mais aussi de la capacité de la personne à faire face à l'adversité et à apprécier la vie ;
• L’importance de la réadaptation communautaire, afin que les personnes vulnérables puissent maximiser leurs capacités physiques et mentales, accéder aux services disponibles et contribuer activement à la vie de leur communauté;
• L’importance de l'empowerment et de l’autonomisation, en plaçant la personne au centre du système de soins - et de ses choix.

Pour HI, la santé mentale d’une personne dépend des interactions entre ses caractéristiques autant individuelles que communautaires, sociales et politiques. Ainsi, la mise en œuvre de projets de santé mentale communautaire est privilégiée.

Pour HI, la santé mentale d’une personne dépend des interactions entre ses caractéristiques autant individuelles que communautaires, sociales et politiques. Ainsi, la mise en œuvre de projets de santé mentale communautaire est privilégiée.

En effet, ces projets partent de la compréhension des déterminants sociaux et politiques de la santé mentale pour promouvoir la qualité de vie des communautés et des personnes, notamment celles vivant avec un handicap, des incapacités psychosociales, des troubles de la santé mentale, des incapacités intellectuelles ou cognitives, etc. et leur participation au développement des ressources locales, particulièrement des ressources en santé mentale. Les approches relevant du développement local communautaire inclusif sont privilégiées au sein des activités menées par HI.

Les objectifs dans la mise en place de nos projets de santé mentale communautaire sont :

• De permettre l'émergence d'un processus de développement communautaire, c’est-à-dire l’élaboration de réseaux locaux, de structures de promotion de la santé, d'actions de prévention, de politiques territoriales ;
• De renforcer les capacités des organisations (de professionnels, de personnes handicapées, de personnes vivant avec des troubles de la santé mentale, des incapacités psychosociales, cognitives ou intellectuelles ou d’autres personnes en détresse psychologique);
• De mettre en œuvre et/ou de renforcer les politiques d’inclusion sociale et d’égalité des chances.

La pyramide d’intervention pour la santé mentale et le soutien psychosocial (SMPS)

Nous inscrivons notre travail dans la pyramide d'intervention pour la santé mentale et le soutien psychosocial tel que défini par les Directives du Comité permanent inter-organisations sur la santé mentale et le soutien psychosocial en situation d'urgence (IASC 2007).

Cette pyramide permet de mettre en lumière les différents niveaux de besoins et leurs interactions avec la santé mentale et l’état de bien-être. Cette lecture permet d’identifier et d’agir sur les causes de la détresse en analysant les déterminants de la santé mentale. L'objectif est de réduire la détresse en s'attaquant aux facteurs à l'origine de la souffrance.

Par exemple, le manque d’accès à des services de base tels que l’eau potable, l’alimentation, ou un abri adéquat ont un impact significatif sur la santé mentale et le niveau de détresse. Ainsi et avant tout, il s’agira de promouvoir leur accès comme un prérequis pour intervenir sur d’autres niveaux.

Le deuxième niveau met en évidence le lien social comme un déterminant majeur de la santé mentale : Favoriser lien communautaire pour agir sur la santé mentale tout en promouvant les dynamiques sociales, l’inclusion des personnes de minorités, personnes handicapées, personnes en détresse ou autre situation d’exclusion.

En parallèle, nos projets intégrés peuvent consister à proposer un accompagnement en santé mentale et soutien psychosocial (SMSPS) en complément d'autres services comme, par exemple en réadaptation physique et fonctionnelle, en jouant sur les interactions entre les deux services afin d’atteindre des objectifs communs, et pour que chaque secteur soutienne positivement l'autre. Nous vous en proposons un exemple ci-après :

Exemple : Yémen SMSPS intégrée à la réadaptation

Au Yémen, Handicap International fournit des services de réadaptation intégrés combinant des services de réadaptation physique et des services de santé mentale et de soutien psychosocial aux personnes touchées par la crise.

HI collabore avec les établissements de santé et les centres de réadaptation du gouvernement en y étant présent et en renforçant les capacités du personnel de santé, en particulier dans les zones reculées, où très peu d'acteurs, voire aucun, ne sont disponibles pour fournir les services de réadaptation intégrés indispensables, à l'exception de HI. Les besoins sont extrêmement importants, ce pays sujet à la guerre comptant environ 4,8 millions de personnes souffrant d'au moins une incapacité. En outre, en raison de la pauvreté, de la peur de la stigmatisation et des restrictions de mouvement, les communautés d'accueil et de nombreuses personnes déplacées n'ont pas les moyens fournir des services dans la durée. Afin d’améliorer l'accès aux services, une identification « porte-à-porte » dans les camps sélectionnés par des équipes de physiothérapeutes et de SMSPS formées, ainsi que des activités récréatives de SMSPS et des groupes de soutien sont organisés afin de renforcer la cohésion sociale.

Ce programme intégré est unique en son genre au Yémen ; il est apprécié et réussi, en particulier pour les femmes, qui font l'objet d'une discrimination supplémentaire en raison de leur genre et de leur handicap.Par exemple, Rabea (pseudonyme), une jeune fille de 18 ans originaire de Hodeidah, déplacée à Mokha pendant la guerre, qui a perdu ses jambes à la suite d'une explosion après la guerre et qui a été orientée vers HI pour bénéficier d'un service de réadaptation intégrée, s'est déclarée satisfaite après avoir bénéficié de ce service, qui, selon elle, a non seulement amélioré son rétablissement physique, mais l'a également aidée à retrouver confiance en elle et à rétablir des liens étroits de qualité avec ses proches et sa famille.