By Manon Duay and Andréa Rajman
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit les déterminants de la santé mentale comme « non seulement des attributs individuels tels que la capacité à gérer ses pensées, ses émotions, ses comportements et ses interactions avec les autres, mais aussi des facteurs sociaux, culturels, économiques, politiques et environnementaux tels que les politiques nationales, la protection sociale, le niveau de vie, les conditions de travail et le soutien de la communauté » (WHO, 2014). Au cours de ces dernières années, la recherche s'est concentrée sur les déterminants sociaux et certain·es chercheur·euses en psychiatrie ont conclu que les normes sociales ont également un impact très important sur la santé d’un individu. C’est pourquoi, il faudrait que les politiques publiques et les lois s’attaquent aux déterminants sociaux de la santé mentale en développant des actions stratégiques, afin de ne pas creuser encore plus l’inégalité sanitaire des populations en situation de vulnérabilité (Ruth S. Shim and Michael T. Compton 2020).
Dans son rapport de 2022, l’OMS soutient que la santé mentale est « déterminée par une interaction complexe entre l’individu, la famille et la communauté et des facteurs structurels » et souligne que face aux troubles psychiques, les individus sont particulièrement inégaux (Sebbane et al., 2017, WHO 2022).
L’OMS insiste sur les facteurs de risque importants, tels que les facteurs génétiques, un bas niveau de scolarité, une prise d’alcool ou de substance, une situation de violence à la maison, le fait de vivre en ville, le chômage, un accès aux soins limité et l’exclusion sociale.
Le schéma ci-dessous résume et permet d’illustrer ce qui a été dit plus haut. Son auteur souligne l’importance de l’impact des déterminants sociaux sur la santé mentale. Afin de réduire leur nuisance, ils devraient être combattus par des changements de politiques publiques et de normes sociales, car il s’agit en premier lieu d’une distribution inégale d’opportunités (Compton, 2015).
Ce schéma est un
exemple, mais il existe d’autres déterminants sociaux de la santé mentale comme
l’exposition à la violence, aux conflits, à la guerre, le changement
climatique, la pollution de l’air, de l’eau ou du sol ou encore la sécurité
dans un quartier (Chen et al., 2017 ; Stansfeld SA et al., 2017 ;
Alegria et al., 2018).
Selon l’OMS, « la quasi-totalité des personnes qui ont vécu une situation d’urgence souffriront de troubles psychiques qui, dans la plupart des cas, s’estomperont avec le temps et une personne sur cinq (22 %) ayant connu la guerre ou une autre situation de conflit il y a 10 ans ou moins souffrira de dépression, d’anxiété, de stress post-traumatique, de troubles bipolaires ou de schizophrénie. » (Sebbane et al., 2017, Source OMS, mars 2022) ».
On peut énumérer trois déterminants sociaux qui sont particulièrement importants dans les situations de conflit et qui accentuent les inégalités :
La diminution de l’accès aux soins dans une zone de conflit et l’accroissement des déplacements de populations par exemple, augmentent la pression sur les ressources de base dans les communautés et contribuent à l’apparition des problèmes de santé mentale. Répondre aux besoins en santé mentale et inclure cette dernière dans les programmes de coopération internationale en matière de santé deviennent une nécessité (Alternatives Humanitaires, 2023).
Selon l’OMS, « la quasi-totalité des personnes qui ont vécu une situation d’urgence souffriront de troubles psychiques qui, dans la plupart des cas, s’estomperont avec le temps et une personne sur cinq (22 %) ayant connu la guerre ou une autre situation de conflit il y a 10 ans ou moins souffrira de dépression, d’anxiété, de stress post-traumatique, de troubles bipolaires ou de schizophrénie. »
Des progrès ont été réalisés au cours de ces dernières années quant à l’appréhension de l’influence des déterminants sociaux sur la santé mentale. En effet, on peut énumérer plusieurs initiatives et engagements tels que la Commission des déterminants de la santé (CSDH) qui a été créée en 2005 par l’OMS pour résoudre le problème des inégalités croissantes dans le domaine de la santé (WHO, 2008) et plus particulièrement ceux liés aux déterminants sociaux. Cette commission avait fixé des objectifs globaux, comme soutenir des changements de politique et inciter les pays à faire de la santé un objectif commun (WHO, 2008). La CSDH défend la position que les déterminants structurels et les conditions de vie façonnent les inégalités en matière santé (WHO, 2008).
L’inclusion de la santé mentale en 2015 dans les objectifs de développement durable (ODD) de l’agenda 2030 de l’ONU marque également une étape importante, et plus particulièrement dans l’ODD3 qui mentionne spécifiquement la santé mentale et le bien-être.
Répondre aux besoins en santé mentale et inclure cette dernière dans les programmes de coopération internationale en matière de santé deviennent une nécessité.
Dans la liste des déterminants qui influent sur la santé et le bien-être des individus, on peut citer aussi les déterminants commerciaux de la santé qui sont de plus en plus étudiés pour répondre aux enjeux de la santé actuelle et sont définis comme des déterminants sociaux clés. Les déterminants commerciaux « (…) se réfèrent aux conditions, actions et omissions des acteurs commerciaux qui affectent la santé. Les déterminants commerciaux apparaissent dans le contexte de la fourniture de biens ou de services contre paiement et comprennent les activités commerciales, ainsi que l'environnement dans lequel le commerce a lieu. Ils peuvent avoir des effets bénéfiques ou néfastes sur la santé » (WHO, 2023). Dans une perspective d’améliorer la santé mentale, il est possible d’agir sur ceux-ci en renforçant par exemple les environnements de travail sain et en faisant de la promotion de la santé des employées (WHO, 2023). A nouveau, afin que cela soit possible, des politiques publiques soutenant la santé au travail sont nécessaires.
En effet, les déterminants sociaux devraient être considérés comme le résultat d'inégalités structurelles dans les systèmes institutionnels plutôt que comme des vulnérabilités des patientes.
Enfin, de nombreux gouvernements ont renforcé leurs politiques et stratégies en intégrant les déterminants sociaux de la santé mentale, ainsi que leurs approches qui promeuvent la santé mentale positive.
Des chercheurses ont donné plusieurs recommandations pour les déterminants sociaux de la santé mentale dont trois d’entre elles semblaient importantes à relever afin de conclure cet article :