Von Shukri Ahmed
Les deux dernières décennies ont été marquées par des changements notoires concernant les Droits des Femmes dans le monde. En effet, elles ont eu un meilleur accès à l’éducation, au système de santé et au marché du travail. Mais alors que 2020 aurait dû être une année de célébration (1) de ces progrès, la pandémie de COVID-19 marque un recul considérable dans ce domaine. Plus que jamais, les droits des femmes sont en danger malgré les promesses de nombreux dirigeants politiques. Pour Aide et Action, la pandémie de la COVID-19 est une opportunité unique de transformer durablement la société, notamment grâce à l’éducation et l’autonomisation des filles et des femmes.
Les impacts économiques, sociaux et politiques de la crise ont eu un impact violent, dans tous les pays, sur les femmes et les filles. Sur le marché mondial de l’emploi, aujourd’hui encore, près de 60% (ONU Femmes (France) 2020.) des femmes travaillent dans le secteur informel, ce qui les rend plus susceptibles de sombrer dans la pauvreté et donc plus vulnérables sur bien des plans (nutrition, sécurité, santé, violence…). Enfermées dans le cercle vicieux de la pauvreté, elles sont encore bien trop nombreuses à ne pas pouvoir s’émanciper et à être privées de leurs droits et de leurs libertés.
Une étude d’ONU Femmes estime qu’en 2021, du fait des suppressions d’emplois liés à la COVID-19, plus de 47 millions de femmes et de filles ont dû vivre avec moins de USD 1,90 dollars par jour, portant le nombre de femmes vivant dans la pauvreté extrême à 435 millions (UN Women, 2020). Dépourvues d’assurance ou de protection sociale, ces femmes se sont retrouvées dépendantes financièrement des hommes, isolées à la maison, forcées de se prostituées pour survivre ou mariées de force. Pour contrer cette injustice, l’autonomisation des femmes nous apparaît, de manière évidente, comme un levier d’équité sociale qu’il faut à tout prix développer.
Aide et Action est persuadée que plus nous autonomiserons les femmes d’un point de vue économique, plus nous connaîtrons de succès dans leur autonomisation politique et sociale.
Garantir dès aujourd’hui l’accès des filles à l’éducation est une clef sans pareille pour éviter la perte des acquis mais aussi pour accroître l’accès des femmes à l’ensemble de leurs droits. Afin de supprimer les obstacles liés aux inégalités de genre, nous avons lancé la campagne philanthropique « Education for Women Now ». Celle-ci est destinée à donner accès à une éducation de qualité à plus de 3 millions de filles et de femmes en Afrique, en Asie et en Europe, d’ici à 2025, à travers 10 programmes majeurs.
Parmi ces 10 programmes que nous développons, celui visant à encourager le leadership et l’entrepreneuriat féminin au Laos est particulièrement parlant. À l’image de Yenkham, une jeune femme laotienne qui a dû abandonner l’école au niveau primaire. Ses opportunités de carrière étaient donc très minces. Mais lorsque le chef de son village a annoncé qu’Aide et Action développait un projet éducatif spécifique enseignant des compétences commerciales, aux jeunes filles des minorités ethniques, Yenkham a saisi l’opportunité.
Après avoir terminé une formation de neuf mois et reçu un mentorat pour identifier, concevoir et mettre en œuvre une petite entreprise, Yenkham a décidé de créer son propre magasin de détail. En effet, après une étude des besoins de la communauté et du potentiel économique local, Yenkham a remarqué que son village n’avait pas de magasins de détail et que les villageois devaient parcourir de longues distances pour acheter les produits dont ils avaient besoin. Des subventions couplées à des sessions de formation sur la gestion d’entreprise la comptabilité, la production technique et le marketing ont ouvert une nouvelle voie pour Yenkham. « Après avoir participé à ce projet, ma vie a beaucoup changé, témoigne la jeune femme. Je n’avais jamais pensé que je pourrais avoir une entreprise car je n’avais aucune connaissance commerciale ou entrepreneuriale. Mais, grâce à ce projet, mes conditions de vie se sont améliorées. »
Celle-ci est destinée à donner accès à une éducation de qualité à plus de 3 millions de filles et de femmes en Afrique, en Asie et en Europe, d’ici à 2025, à travers 10 programmes majeurs.
Au Burkina Faso, le projet Formation au Service du Leadership Féminin (FORSELF), initié et mis en œuvre par Aide et Action a permis à Viviane de compléter son apprentissage et de devenir une véritable entrepreneure. Destiné à améliorer durablement les conditions de vie des femmes par la promotion d’activités génératrices de revenus et de micro-entreprises, le projet repose sur les volets suivants : formation, alphabétisation et initiation au numérique.
« J’ai eu des formations dans un centre de tissage. Cela m’a beaucoup aidée. J’ai appris différentes teintures, plusieurs modèles et le tissage à double fil, témoigne la jeune femme. L’alphabétisation est nécessaire pour toutes celles qui, comme moi, n’ont pas été à l’école. Grâce au projet, j’ai appris à écrire et à lire. J’ai appris aussi à calculer. Je suis vraiment contente. De plus, je ne pensais pas qu’une tablette numérique pouvait m’aider dans mon travail, mais Aide et Action a bien fait de nous donner ces appareils et de nous former. Je fais des photos des modèles, des échantillons et je les envoie aux clients. » Viviane s’est enfin installée à son compte en décembre 2020 et accueille désormais une voisine en apprentissage. « En quittant ma belle-sœur, il y a eu un vrai changement. Je ne suis plus sous son autorité. Aujourd’hui, j’ai de nouveaux clients dans mon quartier et je travaille à mon compte. Ce que je gagne c’est pour ma famille », précise Viviane, avec fierté.
« Après avoir participé à ce projet, ma vie a beaucoup changé, témoigne la jeune femme. Je n’avais jamais pensé que je pourrais avoir une entreprise car je n’avais aucune connaissance commerciale ou entrepreneuriale. »
Rani et Asha sont deux jeunes indiennes qui ont dû faire face à de situations difficiles. La première s’est mariée dès la fin du lycée, à l’âge de 17 ans. Malheureusement, les difficultés financières de sa belle-famille l’ont poussée à chercher du travail, et ce malgré son manque de qualification. La seconde, Asha, a dû très tôt abandonner l’école, et son rêve de devenir enseignante, pour s’occuper de ses six frères et sœurs. Pourtant, toutes les deux étaient bien décidées à ne pas se résigner à un quotidien de labeur. Les jeunes filles ont rejoint le centre iLEAD d’Aide et Action à Jaipur où elles ont respectivement suivi des cours de création de mode et d’informatique.
Depuis 2005, notre programme de développement des compétences iLEAD (Initiative for Livelihood Education and Developement) permet à des jeunes, âgés de 18 à 32 ans, de bénéficier d’une formation professionnelle et d’un accompagnement dans la recherche d’un emploi. Il leur offre ainsi la possibilité d’exercer un métier, malgré de nombreux obstacles tels que la pauvreté et les stéréotypes de genre. À l’issue de leurs formations, Rani et Asha ont cofondé l’entreprise «Design for Smile», une maison de création et de fabrication de mode ethnique.
L’équipe iLEAD a soutenu le duo dans l’élaboration de son business plan et également du point de vue marketing (image de marque et merchandising). Les deux jeunes entrepreneures prévoient même de se lancer bientôt dans la vente en ligne grâce aux connaissances numériques acquises par Asha au cours de sa formation. « Je suis surprise de voir où nous en sommes arrivées aujourd’hui, déclare Rani. Merci à iLEAD de nous avoir fait confiance. Nous espérons faire de «Design for Smile» une marque connue et reconnue». Rani et Asha sont une source d’inspiration pour des centaines d’autres stagiaires de notre programme iLEAD, en particulier les jeunes femmes qui admirent leurs parcours et leur détermination.
A l’avenir, pour éviter, que de nouvelles crises fassent vaciller les progrès réalisés dans les domaines des droits des femmes et de l’égalité des genres, il est essentiel d’investir massivement en faveur de leur autonomisation. Aide et Action est persuadée que plus nous autonomiserons les femmes d’un point de vue économique, plus nous connaîtrons de succès dans leur autonomisation politique et sociale