Von Fédération Vaudoise Coopération - FEDEVACO
La majorité des pays dans lesquels les organisations membres de la Fedevaco soutiennent des projets peuvent être considérés comme fragiles (States of Fragility 2022). Le nombre de crises augmente et leur durée s’allonge, les Objectifs de Développement Durable (ODD) sont loin d’être atteints et le respect des droits des plus vulnérables est en péril. Dans ces contextes, l’approche du triple nexus cherche à améliorer l’efficacité des appuis des acteurs externes, donc de mieux coordonner les différents acteurs (humanitaires, de coopération au développement et de promotion de la paix) afin d’éviter les doublons, mais aussi de cesser de travailler en silos. L’objectif est de répondre aux besoins immédiats tout en prenant en compte les besoins structurels et en consolidant la paix à long terme. Cet article vise à expliciter la notion du triple nexus et les principes de base de cette approche.
Le nexus désigne les relations et synergies entre l’aide humanitaire, la coopération au développement et les actions de promotion de la paix. On parle de double nexus pour les relations et liens entre aide humanitaire et coopération au développement et triple nexus si l’on y rajoute les activités de promotion de la paix.
L’approche nexus demande que les acteurs du développement et de l’humanitaire collaborent plus étroitement et renforcent leur cohérence et complémentarité en s’alignant sur les mesures de soutien en faveur de la paix. C'est une façon de travailler par un engagement simultané et un partage de responsabilités dans des contextes spécifiques qui privilégie toujours la prévention, le développement là où c'est possible et l'action humanitaire lorsque c'est nécessaire.
L’approche nexus s’applique dans tous les contextes où les différents acteurs de développement et d’aide humanitaire et/ou de promotion de la paix sont actifs et donc particulièrement dans les contextes fragiles.[i]
L’aide humanitaire, la coopération au développement et les activités de promotion de la paix sont les trois piliers du nexus.
La logique de cette approche assure que l’aide humanitaire puisse se concentrer sur les besoins critiques pendant que la coopération au développement se focalise sur la résilience à long terme, promouvant ainsi la paix et la construction de communautés justes et résilientes.
Il n’y a pas de méthode universelle dans l’application de l’approche nexus, toutefois les structures et principes opérationnels suivants sont applicables :
Structures
Le nexus est souvent coordonné par une structure opérationnelle dans les contextes fragiles sous l’égide du gouvernement concerné, en collaboration et support avec une coordinateurtrice (souvent issu d’une agence des Nations Unies). Cette structure organise le bureau opérationnel et définit, en concertation avec les autres acteurs, des objectifs collectifs (collective outcomes) ou des priorités. L’approche se veut la plus inclusive possible (société civile, gouvernement, INGO, etc.). La structure peut être décentralisée, par région.
Dans l’idéal, les objectifs collectifs sont définis ensemble par tous les acteurs, planifiés et mis en œuvre de manière complémentaire et leur impact est évalué conjointement. Dans les faits, la coordination reste souvent un défi de taille, de même que la participation des acteurs locaux.
La liste de telles structures (16 pays) et les avancées actuelles sont disponibles ICI
L’objectif est que les acteurs de l’humanitaire, du développement et de la promotion de la paix intègrent le nexus dans leurs propres projets/programmes. D’autres principes additionnels ont été définis. Vous trouverez des références en fin de document.
Si le concept du nexus est reconnu et généralement accepté, l’approche reste difficile à mettre en œuvre. Elle ne concerne pas que les ONG professionnelles qui mènent en parallèle des actions humanitaires et de coopération au développement : dans les contextes fragiles, l’approche nexus demande à tous les acteurs de prendre en compte non seulement leurs partenaires habituels mais de se renseigner et d’ouvrir leur analyse aux autres acteurs présents (humanitaire, promotion de la paix) et de réfléchir à comment travailler au mieux et de manière complémentaire.
Rappelez-vous que le nexus n’est pas seulement une façon de travailler mais également de penser, en mettant l’être humain au centre.
Bien qu’initié par les Nations Unies qui ont joué le rôle de rassembleur, le nexus ne doit pas être top down et centré sur le système des Nations Unies, mais bien plutôt être considéré comme un appel à agir différemment, de manière concertée, en partant des besoins des populations et en dehors des silos. En 2023, il existe un bureau opérationnel de coordination nexus dans 18 pays. Ces bureaux sont coordonnés la plupart du temps par une des agences onusiennes, mais l’approche nexus voudrait que les acteurs locaux soient au cœur des opérations et décisions. D’un point de vue opérationnel, le but est que les acteurs définissent ensemble des objectifs collectifs pour favoriser la complémentarité : l’idée n’est pas que chaque acteur réponde à tous les besoins, mais de profiter au mieux des compétences de chaque acteur.
Pour d’autres informations, une page est disponible sur le site internet[2] de la Fedevaco.
[i] L’OCDE définit la fragilité comme « la conjonction d’une exposition à des risques et d’une capacité insuffisante de l’État, d’un système ou d’une communauté à gérer, absorber ou atténuer ces risques ». La fragilité est multidimensionnelle, économique, environnementale, politique, sécuritaire, sociétale. Voir références.
Pour des informations ressources sur l’historique de l’approche nexus depuis Busan (2016) et les définitions plus précises, voir : https://www.fedevaco.ch/nexus