Le rôle des prestataires de soins pour agir sur les déterminants de la santé

Une formation pour faire prendre conscience des inégalités

La formation présente aux participant·es, à travers une vidéo, l’histoire d’une femme enceinte, Sarah, qui décède peu après son arrivée au centre de santé à la suite d’une complication de grossesse.

Le personnel de santé analyse ce qui s’est passé au centre de santé, à la maison de Sarah, et plus généralement dans sa vie à travers une enquête sur le décès conduite par l’inspectrice du district sanitaire. Les témoignages recueillis au fil de la démarche font ressortir une série de facteurs, fréquents dans les pays où Enfants du Monde œuvre, qui ont aggravé le problème de santé de Sarah et de son bébé, conduisant finalement à leur décès.

Ces facteurs sont notamment liés aux inégalités de genre, aux conditions de vie de la femme et de sa famille dès sa naissance, aux choix de vie qui sont faits à sa place, au mode de vie avant, pendant et après la grossesse. De plus, ils sont associés à l’accès aux soins de santé, à la prise de décision pour obtenir de l'aide médicale, ainsi qu’à la prise en charge médicale au centre de santé. Plus largement, ces facteurs sont liés aux conditions socio-économiques, culturelles et environnementales, ainsi qu’à des choix politiques qui déterminent les orientations de la politique sectorielle.

Une pédagogie pour entraîner des changements concrets d’attitude

Nous avons voulu que la formation soit la plus concrète possible et culturellement pertinente, en nous basant sur des histoires réelles, afin de faciliter l’appropriation par les participant·es. Ainsi, celles et ceux-ci peuvent constater que dans l’histoire de Sarah, une attitude respectueuse dans les soins et un accompagnement à la préparation à la naissance de la part des agent·es de santé auraient probablement évité l’accumulation des retards observés dans la prise en charge médicale. De même, si Sarah avait reçu des informations pertinentes lors d’une consultation précédente, elle aurait peut-être pu modifier ses habitudes de vie et demander du soutien à ses proches, et cela aurait pu la sauver.

La pédagogie active est au centre de la formation afin de conduire les participant·es à identifier les déterminants de la santé exerçant une influence sur l’accès aux soins et la santé maternelle et néonatale. Des exercices leur permettent de réfléchir à l’influence positive qu’ils·elles peuvent avoir et de proposer des interventions pour réduire les risques en lien avec ces déterminants. Cette approche facilite l’apprentissage, la compréhension et l’adoption de nouvelles pratiques.

À la fin de la formation, les participant·es maîtrisent le concept du droit à la santé des femmes et des enfants. En plus d’une incitation à une meilleure autonomie dans la prise en charge des grossesses de leurs patientes, ils·elles sont capables de mettre en place dans leurs centres de santé des actions qui contribuent à réduire les obstacles à la santé et les inégalités.

Ainsi, celles et ceux-ci peuvent constater que dans l’histoire de Sarah, une attitude respectueuse dans les soins et un accompagnement à la préparation à la naissance de la part des agent·es de santé auraient probablement évité l’accumulation des retards observés dans la prise en charge médicale.

Ayant appris l’influence des conditions socio-économiques sur la santé des femmes, les prestataires de soins peuvent accompagner les femmes lors des visites prénatales dans leurs réflexions sur les moyens financiers à leur disposition pour faire face à de potentielles urgences obstétriques ou néonatales. Ils·elles peuvent suggérer aux femmes d’impliquer leur partenaire ou les personnes qui prennent les décisions au sein des familles. Ainsi, en cas d’urgence, les familles seront prêtes pour faire face aux dépenses supplémentaires.

Enfin, ayant compris l’importance d’une expérience positive de la femme lors des soins pour sa santé et celle de son nouveau-né, les prestataires de soins accueilleront la femme de manière différente, en la saluant, en se présentant, et en engageant un dialogue avec elle de manière respectueuse et participative. Ils·elles comprennent que l’enjeu est de créer un environnement favorable pour permettre aux femmes enceintes et à leur entourage de prendre des décisions éclairées au sujet de leur santé et de celle de leur enfant.

À la fin de la formation, les participant·es maîtrisent le concept du droit à la santé des femmes et des enfants. En plus d’une incitation à une meilleure autonomie dans la prise en charge des grossesses de leurs patientes, ils·elles sont capables de mettre en place dans leurs centres de santé des actions qui contribuent à réduire les obstacles à la santé et les inégalités.

Mise en œuvre sur le terrain

Enfants du Monde a développé cette formation en 2022 en collaboration avec l’unité de recherche TECFA (Technologies de Formation et Apprentissage) de l’Université de Genève, des organisations de la société civile et des structures sanitaires du Burkina Faso et de Madagascar, ainsi que Terre Innovative Healthcare Srl.

Le test de la formation auprès du personnel de santé du Centre Hospitalier de Référence du District (CHRD) d’Ambanja, à Madagascar, a révélé que la maîtrise de l’outil informatique par le personnel de santé reste un enjeu pour le déploiement de formations en ligne. Le renforcement des capacités des prestataires de soins est donc un prérequis. Néanmoins, l’expérience a suscité l’enthousiasme des prestataires de soins présent·es et le médecin inspecteur du District a émis le souhait de voir le programme de formation étendu à l’ensemble du District.

Nous menons cette formation, ainsi que d’autres actions de renforcement de compétences des prestataires de soins, directement avec l’implication d’institutions nationales et des ministères de santé pour garantir des changements durables du système de santé.